- Depuis le premier jour du lancement des opérations militaires contre le Yémen en mars 2015, déclaré par les pays de la coalition, le secteur économique était la première cible touchée par la haine de leur aviation dont les raids ont détruit des dizaines d’installations publiques et privées telles que usines des produits alimentaires et de consommation, entreprises, centres d’investissement et de services. De plus, les pays de la coalition ont procédé à un blocus terrestre, aérien et maritime imposé au Yémen, au transfert de l’administration de la banque centrale et puis à l’impression de billets bancaires sans couverture économique, tout en méprisant le droit international humanitaire et les droits de l’homme.
- La destruction du secteur industriel au Yémen était l’un des objectifs de la guerre que les pays agresseurs ont réussi à atteindre, et ce, dans le but de causer des dommages considérables aux capacités productives du pays. Cela est arrivé malgré les appels des organisations humanitaires qui ont exhorté les Nations Unies à neutraliser l’économie du Yémen et à éviter son utilisation comme moyen de guerre géré par les pays de la coalition, vu son impact sur des millions de civils. Selon les règles et dispositions du droit international humanitaire, le ciblage de l’économie, comme moyen de pression, est un crime de guerre.
- La production a donc diminué dans tous les secteurs et activités économiques atteignant des taux de croissance négatifs au cours des cinq ans – de mars 2015 à mars 2020. L’économie nationale a effectivement subi de grandes pertes, et les taux de croissance sont tombés à leur plus bas niveau après la destruction systématique et les mesures prises par les pays de l’agression telles que:
- Ciblage des installations industrielles et productives;
- Embargo terrestre, naval et aérien sur les activités économiques;
- Transfert de l’administration de la banque centrale, gel de tout mouvement de fonds et arrêt du paiement des salaires;
- Saisie et épuisement des ressources financières;
- Impression de billets de banque en dehors des politiques bancaires et économiques.
PREMIÈREMENT: Ciblage des installations industrielles et productives
- Les installations industrielles et productives ont subi de grosses pertes pendant les cinq années de guerre menée par les pays de la coalition. Cette guerre a entrainé une baisse significative de la production, selon les indicateurs macro-économiques et sectoriels qui ont montré un recule important de la productivité au cours de la période allant de mars 2015 à mars 2002, et ce à cause de:
- Destruction et endommagement de plus de 335 usines suite aux frappes aériennes de la coalition qui ont fait aussi 878 martyrs et blessés, parmi les ouvriers;
- Destruction complète ou partielle de plus de 10910 établissements et magasins de commerce par des bombardements faisant aussi 1 361 martyrs et blessés;
- Destruction et endommagement de plus de 149 sociétés d’investissement et de commerce visées par l’aviation saoudienne (129 victimes entre morts et blessés), en plus de la suspension de centaines d’activités commerciales en raison de la guerre et du blocus total imposé au pays;
- Raids directs contre 668 marchés commerciaux dont le bilan s’élève à 3440 victimes, entre morts et blessés.
- Les pays de la coalition ont bombardé 736 camions d’approvisionnement, endommageant ainsi les denrées alimentaires qu’ils transportaient. De plus, ils ont délibérément visé 774 entrepôts de nourriture, 17 silos à grains, 387 stations-service, 6404 véhicules de transport et 286 camions-citernes. En effet, ces pays et leurs mercenaires ont poursuivi, du 26 mars 2015 jusqu’à aujourd’hui, leurs opérations militaires (terrestre, maritime et aérienne) faisant des milliers des victimes civils et des destructions massives dans l’économie et les infrastructures, et ce, en plus du siège et de la famine. Tout cela était évidement à l’origine de la catastrophe humanitaire au Yémen.
DEUXIÈMEMENT: Embargo terrestre, naval et aérien sur les activités économiques
- Le blocus total, terrestre, maritime et aérien, et les restrictions arbitraires imposées par les pays de la coalition, sous prétexte d’appliquer la résolution internationale (2216), ont créé de grandes difficultés, obstacles, problèmes et pertes pour les compagnies maritimes internationales à leur entrée dans les ports yéménites: celles-ci sont obligées de payer des frais supplémentaires de retard puisqu’elles ne peuvent pas faire leur déchargement à temps. Cela explique donc la réticence des compagnies maritimes internationales à expédier des marchandises vers les ports yéménites. Cela a pour conséquences d’augmenter, d’une part, les coûts des produits importés tels que les médicaments, les denrées alimentaires et le carburant, et de provoquer, d’autre part, une crise étouffante dans le fonctionnement des hôpitaux, des usines et du transport. En fin de compte, ce sont les pauvres citoyens qui paieront le prix.
- Ces restrictions ont poussé les commerçants à expédier les marchandises, d’abord, vers les ports des pays voisins, en particulier celui de Dubaï, puis les transporter par la route pour atteindre les ports terrestres du Yémen, notamment celui d’al-Waddi’a. De là, les camions de transport devaient prendre des routes dans des zones d’affrontements militaires. C’était risqué, car certains de ces envois ont été soumis à des chantages pour pouvoir passer par le port d’al-Waddi’a à destination de Marib, puis vers Sanaa et les autres gouvernorats; d’autres ont été pris pour cible sur la route par l’aviation saoudienne. Cette alternative n’était donc pas la bonne solution, elle était coûteuse, voire risquée, ce qui a pareillement contribué à la hausse considérable des prix dans les marchés locaux aggravant ainsi la souffrance des citoyens.
TROISIEMEMENT: Transfert de l’administration de la banque centrale, gel de tout mouvement de fonds, arrêt du paiement des salaires;
- La décision de septembre 2016 de transférer la gestion de la banque centrale vers la ville d’Aden occupée par l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unies, et puis de perturber ses fonctions dans la capitale Sanaa n’était qu’un complément à la série des crimes visant, non seulement, à frapper l’économie nationale et la stabilité monétaire, mais aussi à resserrer le siège et à restreindre les conditions de vie du citoyen yéménite.
- Pendant l’administration du Comité révolutionnaire suprême, la banque centrale continuait de verser les salaires à (tous les employés de l’Etat, des secteurs militaire et civil, dans tous les gouvernorats de la République). Mais après son transfert vers Aden, le gouvernement du Salut National n’est plus en mesure de les payer, étant donné le manque de revenus locaux qui ne couvrent que 8,5 des salaires, selon le budget de 2014.
Conséquences économiques de la décision de transférer la gestion des opérations de la banque centrale de la capitale, Sanaa, au gouvernorat d’Aden en septembre 2016:
- L’arrêt du paiement des salaires d’environ un million et 200 000 fonctionnaires.
- Le manque de confiance de la société yéménite et aussi internationale envers les conséquences potentielles, économiques et sociales, de cette décision, et surtout envers l’incapacité du président Hadi et du gouvernement de Riyad de rétablir la sécurité et la stabilité à Aden.
- L’impact direct et négatif de cette situation sur l’activité commerciale: l’importation de marchandises par le gouvernorat d’Aden devient une source d’inquiétude et de méfiance pour la plupart des propriétaires d’institutions et d’entreprises.
- Le processus de production à Sanaa et dans les gouvernorats voisins a été déstabilisé.
- Le manque de liquidité a affecté de manière significative le système bancaire dans de nombreux gouvernorats de la République.
- La faiblesse du pouvoir d’achat (avec un riyal faible face aux autres monnaies).
- L’augmentation des taux de pauvreté: les prix de tous les produits de base ont tellement augmenté de sorte que la plupart des membres de la société sont incapables de répondre à leurs besoins essentiels; à cela s’ajoute la disparition de certains produits sur le marché.
- L’augmentation du taux du chômage en raison de l’arrêt des activités de nombreuses entreprises, institutions et usines.
- La banque centrale d’Aden a délibérément cessé d’injecter des liquidités accordées périodiquement aux banques de Sanaa et des autres gouvernorats, situés sous le contrôle du Conseil politique suprême. Ces régions, où travaille 85% du secteur bancaire, sont considérées comme marché commercial et de consommation pour la plupart des transactions financières et des transferts de fonds nationaux et étrangers qui fournissaient aux banques des liquidités leur permettant de faire face aux dépenses administratives et du fonctionnement. Cela a rendu ces banques, déjà en crise, incapables de payer les bénéfices des déposants.
- Afin de tout contrôler, la banque centrale d’Aden a imposé des restrictions sur les chèques de transferts d’argent locaux et internationaux dirigés par Westren union, Moneygram et d’autres entreprises financières, sachant que 27% de la population bénéficiaient des fonds envoyés par les migrants yéménites vivant à l’étranger. La banque a justifié cette décision par le fait que ces entreprises n’ont pas eu de permis de travail délivrés par sa direction à Aden.
- Malgré l’intransigeance de la coalition et du gouvernement de Hadi, le gouvernement de Salut National de Sanaa a poursuivi la mise en application de l’accord de suède: le Conseil des ministres a pris la décision de mettre en œuvre l’initiative du Conseil politique suprême consistant à ouvrir un compte spécial dans la branche de la Banque centrale du Yémen, à Hodeïda, et à y transférer les revenus des trois ports (Hodeïda, Ras Issa et Salif) afin de payer les salaires de tous les fonctionnaires yéménites, conformément aux accords de Stockholm sur l’aspect économique.
- Le gouvernement yéménite de Sanaa a appelé les Nations Unies à prendre au sérieux son devoir et à obliger l’autre partie à s’acquitter de ses obligations en fournissant le montant du déficit entre le coût total des salaires et le solde accumulé dans le compte des salaires. Il est à savoir que les revenus du pétrole brut pour le mois de novembre provenant des champs des gouvernorats d’Hadramaut, Marib et Shabwa occupés par l’alliance de guerre saoudo-émiratie, s’élevait à (86 milliards de riyals): plus de (2 523 648 barils de pétrole) ont été produits et vendus à une valeur totale de (156 466 176 dollars), calculée sur la base du prix moyen du brut Brent pour novembre.
QUATRIÈMEMENT: Saisie et épuisement des ressources financières
- Depuis le début de la guerre, les pays de la coalition saoudienne ont délibérément pris des mesures pour arrêter les exportations du Yémen en pétrole et en gaz ainsi que les recettes en devises étrangères. En plus de l’arrêt des opérations de la banque mondiale au Yémen, estimées à environ un milliard de dollars par an, et de l’épuisement des réserves de trésorerie auprès de la banque centrale du pays, ils ont procédé à la diminution des transferts d’argent en devises étrangères vers le Yémen, à la fermeture des bureaux des organisations, des ambassades, des missions étrangères et des attachées commerciaux internationaux au Yémen, ainsi qu’à la suspension des projets de développement.
- Le Yémen a connu d’énormes pertes causées par l’agression de la coalition, dans les secteurs public et privé, comme: la dépréciation du riyal face aux autres devises internationales, en particulier au dollar qui s’est élevé à 740 riyals. Le commerce extérieur est presque paralysé à cause des restrictions arbitraires imposées sur la navigation maritime. Ainsi, le transfert de la Banque Centrale du Yémen à Aden a entraîné le blocage quasi total des revenus du pays en devises étrangères et en devises nationales. Les pertes enregistrées dans les recettes provenant des droits de douane et les taxes sont estimées à 583 millions de dollars. A cela s’ajoutent les pertes des ressources de l’État, représentées par les exportations du pétrole, qui sont estimées à 7,000 millions de dollars. En 2015, les pertes dans les ressources financières du pays ont atteint 7,583 millions de dollars. D’autres pertes enregistrées dans le secteur privé provenant des exportations non pétrolières et des réexportations de biens étrangers s’élevaient à 612 millions de dollars. L’exportation de matières et de services a connu des pertes estimées à 962 millions de dollars en 2015. Ces pertes ont augmenté à 9,272 millions de dollars en 2016; et elles ont été diminuées à 7746,4 millions de dollars en 2017, et à 7701,9 millions de dollars en 2018, ce qui pourrait être totalisé, pendant les quatre dernières années de l’agression, à un montant de 33,877 milliards de dollars, en plus des pertes de bénéfices qui atteindraient 36285,5 millions de dollars.
- Les importations de produits alimentaires et de produits pétroliers représentent environ 60% de la valeur totale des importations yéménites en provenance de l’étranger chaque année, et les 40% restants sont destinés à l’importation de marchandises et d’autres produits d’une valeur totale de 5,980 millions de dollars. En y ajoutant les prix d’alimentations, de marchandises et de dérivés du pétrole, la facture annuelle que le Yémen doit payer est d’environ 14,697 milliards de dollars, une somme à laquelle le Yémen ne pourra répondre pleinement dans les circonstances actuelles en raison du blocage des exportations du pétrole et du gaz et de la baisse importante des exportations non-pétrolières.
- Les pays de la coalition ont transféré toutes les importations commerciales du port de Hodeïda à celui d’Aden. De plus, les subventions, les prêts et les revenus ainsi qu’un dépôt de deux milliards de dollars ont été transférés aussi à la Banque centrale d’Aden, ou à sa succursale de Marib.
- Pendant ces années d’agression contre le Yémen, toutes les ressources pétrolières et gazières sont à la disposition de l’Arabie saoudite, des Émirats Arabes Unis et de leurs mercenaires, car les revenus, volés ou perdus durant les cinq années, pourraient être estimés à 12 billions de riyals -ce qui est suffisant de payer les salaires de tous les employés de l’État dans toute la République du Yémen pendant 12 ans.
- Le gouvernement yéménite de Sanaa a également montré que les recettes fiscales et douanières des navires de dérivés du pétrole, jusqu’au 30 novembre 2019 seulement, sont estimées à 6, 212, 231, 986 riyals yéménites; en y ajoutant les autres revenus, ce montant pourrait s’élever à 11, 863, 474, 243 rials yéménites, déposées à la succursale de la Banque Centrale à Hodeïda, dans le compte des salaires.
CINQUIÈMEMENT: Impression de billets de banque en dehors des politiques bancaires et économiques
- La Banque Centrale d’Aden a imprimé plus d’un billion et sept cents milliards de rials yéménites en billets de diverses catégories sans la couverture nécessaire, provoquant l’augmentation de la dette intérieure et extérieure, et l’accroissement de l’offre monétaire ainsi qu’une inflation qui s’est reflétée par une augmentation du taux de pauvreté et une détérioration du niveau de vie. Ces mesures ne font qu’approuver l’état de bricolage et d’échec dans la gestion de la politique financière et monétaire plutôt qu’une importance pour éviter la crise de liquidité aiguë telle que la Banque la voit; cette décision d’émettre de nouveaux fonds ne correspondait donc pas aux considérations importantes.
- Depuis son transfert à Aden, les politiques bancaires non-étudiées que la Banque Centrale du Yémen a suivies ont causé la détérioration de la valeur de la monnaie nationale. A noter que le montant dernièrement imprimé dépasse plusieurs fois ce que la Banque Centrale avait imprimé dès sa fondation il y a 40 ans. Cependant, l’offre monétaire en 2015 ne dépassait pas 850 milliards de riyals.