Cette fois, le blocus imposé aux pétroliers à destination du Yémen n’a jamais atteint un tel niveau de criminalité. Ils sont détenus depuis plus de 150 jours, de la fin mai à nos jours. Il s’agit d’une piraterie continue, organisée par la coalition dirigée par les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et les Emirats, visant, sous une couverture onusienne, les navires chargés de pétrole qui avaient pourtant obtenu, après un mécanisme de vérification et d’inspection de l’ONU (UNVIM), les permis de passage. Cette action irresponsable met délibérément en danger la vie de plus de 26 millions de citoyens (soit plus de 80% de la population), et menace tous les secteurs d’activité d’effondrement et d’arrêt, ce qui constitue une grave violation de tous les principes du droit international et les normes humanitaires.
Les pays de la coalition détiennent 15 navires pétroliers transportant 409 mille et 55 tonnes d’essence et de diesel, et pour des périodes variables dont la durée maximale atteint plus de cinq mois.
Il y en a six pétroliers détenus depuis plus de cinq mois, et quatre autres depuis plus de quatre mois. Il convient de signaler que les quantités de produits pétroliers, distribuées aux agences de services prioritaires et aux stations opérant dans le district de Sanaa et dans le reste des provinces, font partie des quantités limitées saisies par les organismes de lutte contre la contrebande. C’est la compagnie pétrolière yéménite qui examine et traite les quantités saisies qui seront ensuite vendues au prix officiel. Elle les distribue conformément aux normes et principes énoncés dans le plan d’urgence. Il s’agit là d’un avertissement contre le risque d’une catastrophe humanitaire sans précédent, due au maintien de la détention des navires pétroliers.
Avec la résurgence de la crise de carburant, le marché noir s’est redynamisé augmentant les prix du carburant, déjà épuisé dans de nombreuses stations-service ou disponible mais en quantités limitées dans d’autres. C’est pour cette raison que le prix d’une plaque d’essence (20 litres) est atteint près de 20.000 riyals, au marché noir (environ $ 32.2 $ US), comparé au prix officiel de 5.900 riyals (9.51 $ US).
Les pays de la coalition de guerre contre le Yémen non seulement ont encerclé le peuple yéménite et empêché l’entrée de navires pétroliers, mais ont aussi aggravé les souffrances de 26 millions de Yéménites en facilitant l’entrée, dans les ports du pays, des matières pétrolières non conformes aux spécifications et aux normes. Ils cherchent encore à accroître les souffrances des Yéménites par leurs tentatives de retirer les devises étrangères du marché local afin de détruire davantage l’économie du pays.
La crise de carburant due à la détention des pétroliers depuis plus de 150 jours, ainsi que la détérioration de la situation économique découlant du retrait de la monnaie étrangère et de la hausse considérable du taux de change ont pour conséquences de :
Priver les yéménites de bénéficier de la baisse mondiale des prix du pétrole, causée par la pandémie de Covid-19 ;
Augmenter les tarifs de transport et les prix de nombreux produits alimentaires et de consommation, de l’eau, de l’électricité, etc. ;
Entrainer la suspension des usines et des activités commerciales et industrielles, ainsi que la baisse de la productivité des boulangeries dont la majorité de la population dépend pour couvrir ses besoins en pain, vu la difficulté d’obtenir du gaz domestique ;
Affecter le stock de carburant disponible auprès de la compagnie pétrolière, maintenant parvenu à un stade critique, car le stock restant ne suffit pas pour approvisionner les secteurs vitaux, tels que la santé, l’électricité, l’eau, l’assainissement ;
Provoquer des pertes catastrophiques dans le secteur agricole, menaçant directement la sécurité alimentaire du peuple yéménite ;
Avoir un impact direct sur les domaines d’activité, de transport, et surtout sur la production agricole, étant donné que 50% de la population travaille dans ce secteur, bref sur la vie des citoyens.
Des rapports locaux et internationaux confirment qu’il y a des indicateurs inquiétants qui mettent en garde contre une catastrophe humanitaire sans précédent menaçant le Yémen, à cause de la détention des pétroliers, toujours interdits d’atteindre le port de Hodeïda, par la coalition dirigée par les Etats Unis, l’Arabie saoudite et les Emirats.
Les forces de la coalition, indifférentes aux avertissements mentionnés par ces rapports, portent la responsabilité et les conséquences de la piraterie maritime, qu’elles pratiquent contre les navires transportant des dérivés du pétrole, malgré son impact économique sur la situation humanitaire au Yémen.