Les Nations Unies ont confirmé la détérioration continue de la situation humanitaire au Yémen et le risque élevé de famine pour des millions de Yéménites, vu que les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 140 % par rapport aux prix moyens d’avant la guerre.
Quelque 20 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, dont près de 10 millions de personnes en souffrent gravement, a noté l’ONU ajoutant que près de 2 millions d’enfants ont besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë, dont 360 000 risquent de mourir s’ils ne reçoivent pas de traitement.
L’ONU confirme que 15 des ses 45 principaux programmes humanitaires au Yémen ont été réduits ou fermés après avoir subi de graves dommages, et que 30 programmes humanitaires risquent le même sort dans les semaines à venir si les donateurs ne respectent pas leurs engagements de soutien financier au plan de réponse humanitaire de cette année.
Entre avril et août, les agences des Nations Unies ont été forcées de réduire la distribution alimentaire, de suspendre les services de santé dans plus de 300 établissements sanitaires, et de mettre fin aux services spécialisés pour des centaines de milliers de femmes et de filles psychologiquement traumatisées, et gravement vulnérables, souligne la Coordinatrice humanitaire au Yémen, Lise Grande.
Elle a aussi confirmé que, depuis avril, environ 9 millions de personnes ont été touchées par les réductions de l’aide alimentaire, et que 1,37 million d’autres seraient encore concernées au mois de décembre, à moins que des fonds supplémentaires ne soient reçus.
La réduction des services nutritionnels a touché, en juillet, plus de 334 000 femmes enceintes et allaitantes. Encore, plus de 530 000 enfants de moins de deux ans n’auront pas accès à ces services en décembre, si un financement supplémentaire et adapté n’est pas obtenu.
En septembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a suspendu ses services de santé dans 121 établissements sanitaires, ce qui a touché plus d’un million de personnes et privé ainsi 1,3 million de patients, menacés de mourir, de recevoir des soins vitaux. L’OMS n’a pas hésité à confirme que d’ici la fin de l’année, plus de 9 millions de personnes au Yémen n’auront pas accès aux services de santé de base.
L’OMS a cessé de verser des primes qu’elle offrait à plus de 1 800 employés du secteur médical travaillant dans 135 établissements de santé.
Elle affirme aussi que le soutien en équipements et en fournitures médicales pour détecter et répondre à la propagation d’épidémies sera suspendu en octobre dans 23 gouvernorats, y compris le soutien offert aux patients de diphtérie et de dengue. Ainsi, plus de 60 % des 174 centres de traitement du choléra seront fermés, et toutes les équipes d’intervention rapide cesseront d’exercer leurs fonctions principales dans 333 districts. Cela entraînerait la suspension de 300 centres de prévention médicale, y compris les services de dépistage des cas suspects et de surveillance de la propagation de maladies. Si cela arrive, près de 18 millions de personnes seront touchées, dont 6 millions d’enfants ayant un besoin urgent de vaccination contre des maladies mortelles comme la rougeole et la polio.
Le ministère des transports du gouvernement de Salut national à Sanaa a appelé les Nations unies, l’Organisation de l’aviation civile internationale (ICAO) et la communauté internationale à faire pression sur les pays de la coalition de guerre, sous commandement américain, saoudien et émirati, pour qu’ils lèvent les restrictions imposées aux vols de et vers l’aéroport international de Sanaa.
Depuis le 9 août 2016, les pays de la coalition de guerre contre le Yémen ont imposé un embargo sur le trafic aérien à l’aéroport de Sanaa, suspendant tous les vols civils à l’exception de ceux des Nations Unies et de leurs agences humanitaires, ce qui a causé :
- La mort de plus de 42 000 patients n’ayant pas pu se rendre à l’étranger pour se faire soigner ;
- La privation de plus de 350 000 patients de partir à l’étranger pour recevoir un traitement médical, dont les personnes atteintes de diverses maladies cancéreuses et autres, en plus des blessés de l’agression, des enfants, des femmes et des hommes ;
- La disparition d’un grand nombre de médicaments d’importance vitale, que ce soit dans les entrepôts du Ministère de la santé publique et de la population ou sur le marché commercial.
Au cours du mois d’octobre, les prix du carburant sur le marché informel dans les provinces du nord n’ont cessé d’augmenter, dépassant le double du prix officiel, à cause du blocus imposé par la coalition (américaine, saoudienne et émiratie) qui empêche les navires transportant des dérivés pétroliers et denrées alimentaires d’arriver et de décharger dans le port de Hodeïda. Cela a également impacté les prix de produits de base.
La crise du carburant et la hausse de son prix sur le marché parallèle ont eu un impact sur le panier alimentaire mensuel et sur les prix des denrées périssables qui nécessitent d’être transportées quotidiennement, selon le groupe yéménite de la sécurité alimentaire et de l’agriculture.
Les prix des produits nationaux et des produits agricoles ont augmenté de 40 à 80% en raison de la hausse considérable des coûts d’irrigation. De plus, les coûts élevés de transport de marchandises vers le marché ont encore augmenté les prix jusqu’à 125% pour les fruits et légumes frais, et à 25% pour les céréales et certains produits locaux, au district de Sanaa.