La République du Yémen vit la plus grande catastrophe humanitaire, exacerbée par six années de guerre conduisant à l’effondrement de son économie. A cela s’ajoute la propagation de maladies et d’épidémies due à l’impuissance des hôpitaux et centres de santé partiellement ou entièrement détruits par les bombardements aériens de la coalition américano-saoudienne. En outre, les médicaments et les fournitures médicales ne sont pas disponibles en raison du blocus étouffant et de la détention de navires du pétrole, empêchés d’atteindre le port de Hodeïda par les alliés de guerre. La situation humanitaire a été encore aggravée par le fait que plusieurs pays ont réduit ou suspendu leur aide humanitaire offerte au Yémen, notamment aux zones contrôlées par le gouvernement de Salut national à Sanaa.
L’organisation mondiale de la santé (OMS) envisage d’arrêter les subventions aux carburants pour 141 établissements de santé à partir de mars prochain. Cela représente une grande contradiction entre la déclaration des Nations Unies, selon laquelle le Yémen connaît la pire catastrophe humanitaire au monde, et les décisions de cette organisation de suspendre l’assistance médicale. Cette étrange décision a pour conséquence d’augmenter les taux de mortalité chez les nouveau-nés et les mères, sans parler du reste des sections vitales.
L’ONU a critiqué la décision de l’administration Trump d’avoir désigné Ansar Allah comme organisation terroriste, et a souligné que cette décision aura de graves conséquences humanitaires et politiques sur la situation au Yémen. Elle s’est dite préoccupé par les effets négatifs de la décision sur « les importations de denrées alimentaires de base et les efforts visant à reprendre le processus politique ».
De grands sénateurs américains ont également exprimé leur rejet de la politique étrangère de leur pays, notamment de cette décision qui pourrait aggraver davantage la crise humanitaire au Yémen. A titre d’exemple, le sénateur démocrate Chris Murphy a déclaré que « le fait de classer les Houthis comme organisation terroriste est une condamnation à mort pour des millions de Yéménites ».
A son tour, l’Union européenne a condamné la décision des États-Unis de désigner Ansar Allah comme groupe terroriste, et a averti qu’une telle décision saperait les efforts de paix internationaux et aggraverait la situation humanitaire au Yémen, soulignant que l’Union continuerait son appel au dialogue entre toutes les parties au conflit.
Le Gouvernement de Salut national de Sanaa n’a cessé d’exhorter les Nations Unies à envoyer rapidement leur équipe de maintenance technique au pétrolier (Safer), ancré au large du port de Hodeïda, et qui menace le Yémen et les pays de la région d’une catastrophe écologique.