La tragédie du Yémen s’aggrave … Le secteur de la santé est incapable de faire face au coronavirus.
La crise humanitaire au Yémen s’est exacerbée après l’arrivée du coronavirus dans le pays, et les Yéménites se sont retrouvés alors face à une nouvelle tragédie qui s’ajoute à celle de la guerre, du siège, de la famine et des autres maladies qui tuent des millions d’entre eux.
Ce qui confirme ces craintes, c’est la propagation du virus aux alentours du Yémen (Sultanat d’Oman, Arabie Saoudite, Djibouti et Somalie). De plus, les Autorités yéménites n’ont pas pu mettre en œuvre la décision qu’elles avaient prise concernant la fermeture des ports terrestres, maritimes et aériens. En effet, le Yémen a connu, au cours des derniers jours, un trafic aérien, militaire et civil actif opéré par “la coalition” vers les deux aéroports d’Aden et d’al-Mahrah. En plus de la démobilisation d’un grand nombre de groupes armés yéménites qui combattaient aux côtés des saoudiens, au sud de la Royaume où s’est propagé le coronavirus, ainsi que l’expulsion de centaines de travailleurs yéménites de l’Arabie saoudite via les ports terrestres, le flux des migrants africains se poursuit également vers le Yémen.
L’Arabie Saoudite déporte des centaines d’africains au Yémen afin d’y propager le coronavirus, avant même de prendre les mesures sanitaires nécessaires pour s’assurer que les déportés ne sont pas infectés par le virus ou avant qu’ils soient confinés pendant une période fixée à 14 jours.
Malgré les inquiétudes internationales liées au risque de la propagation de l’épidémie de coronavirus au Yémen, les États-Unis ont décidé de réduire le financement de l’aide humanitaire internationale pour le Yémen.
Un porte-parole de l’Agence des États-Unis pour le développement international a annoncé que les opérations de l’agence seraient partiellement suspendues dans les zones contrôlées par le gouvernement du Salut National à Sanaa (où vivent plus de 80% de la population de la République du Yémen).
Cela arrive à un moment où les organisations internationales de secours craignent que l’émergence du premier cas de “coronavirus” soit le début d’une propagation catastrophique de l’épidémie au Yémen, surtout avec un système de santé détruit par les bombardements de la coalition saoudo-émiratie qui a visé pendant cinq ans les hôpitaux et les centres de santé, en plus du blocus entravant l’entrée des médicaments et des fournitures médicales dans le pays.
La décision américaine concernant le retrait de son soutien financier aux efforts humanitaires gérés par les Nations Unies au Yémen, risque de créer un gouffre dans le budget des dizaines de programmes humanitaires, y compris les efforts visant à fournir aux yéménites des soins de santé de base ou du savon pour le lavage des mains.
Ainsi, le Yémen entre dans une véritable confrontation avec le coronavirus, ce qui aggrave la souffrance des citoyens, autant plus qu’ils sont confrontés à d’autres maladies qui tuent des centaines de milliers de personnes telles que le choléra, la diphtérie, le paludisme et le dengue.
Par ailleurs, le gouvernement du Salut National à Sanaa a porté la responsabilité à l’Arabie Saoudite et aux Emirats pour la détérioration des conditions de santé au Yémen, en déclarant que 93% des appareils et des équipements médicaux ont été mis hors service en raison de la guerre et du blocus. Pour cela, le gouvernement a exhorté les organisations internationales à fournir des respirateurs artificiels pour soigner les cas infectés.
“Le danger du coronavirus pour le Yémen réside dans le fait que la situation sanitaire est essentiellement fragile depuis l’ère des régimes précédentes et que les pays de la coalition ont détruit encore le secteur de santé et bombardé plus de 420 établissements et centres de santé” a déclaré le Dr Youssef Al-hadi, porte-parole du ministère de la santé. Il a aussi souligné que ” près de deux mille établissements ont été perturbés par le blocus, et les salaires de 48 000 employés du secteur privé ont été interrompus depuis la mi-2016.
Le gouvernement de Salut National a annoncé la libération, en présence de représentants du bureau de l’UNICEF au Yémen, de tous les prisonniers capturés par ses forces lors des combats (des enfants recrutés par la coalition). Il est à noter que le comité national pour les affaires des prisonniers à Sanaa a libéré auparavant un certain nombre d’enfants-soldats recrutés et exploités dans la guerre de la coalition: en janvier dernier, 64 enfants capturés lors de l’opération militaire “Victoire de Dieu” avaient été remis au ministère des affaires sociales et du travail, en vue de faciliter leur retour à leurs familles.
Au ministère des affaires étrangères, un accord a été signé entre le ministère de la défense et le ministère des affaires sociales et du travail. Cet accord répond à la préoccupation du gouvernement de Sanaa de “protéger et promouvoir les droits des enfants au Yémen”, et prouve que Sanaa traite les enfants prisonniers comme “victimes” qui doivent être restitués à leurs familles après leur réhabilitation. Selon les termes de cet accord, “les Autorités concernés garantiront le traitement des enfants capturés conformément au droit international humanitaire et aux droits de l’homme”.