Le ministère de la Santé publique et de la Population prévient que ses établissements médicaux cesseront de fournir ses services de santé dans les prochains jours en raison de l’épuisement du carburant nécessaire à l’exploitation de divers équipements médicaux, en particulier l’équipement de soins intensifs (la dialyse, la radiologie, les laboratoires et les usines d’oxygène).
Le ministère du Pétrole et des Minéraux du Yémen a tiré la sonnette d’alarme sur les pénuries actuelles de ses réserves en dérivés du pétrole, mettant en garde contre une grave crise humanitaire si les pays de la coalition de guerre, menée par les États-Unis, l’Arabie saoudite et les Émirats, continuent de détenir des pétroliers et de les empêcher d’entrer dans le port de Hodeïda.
Il y a cinq ans et demi, le Yémen a été soumis à une guerre militaire injuste menée par la coalition saoudienne, tuant des vies et détruisant tout ce qui est en lien avec la vie des millions de Yéménites. Outre la guerre économique et le blocus (terrestre, aérien et maritime), des restrictions arbitraires ont été imposées par la coalition pour empêcher l’arrivée de médicaments, de denrées alimentaires, de dérivés du pétrole, ce qui a aggravé la situation humanitaire au Yémen et conduit à une catastrophe et à une tragédie humanitaire sans précédent dans le monde.
La politique d’affamer la population, le blocus systématique et la création de crises sont des moyens de guerre adoptés par les pays de la coalition rien que pour tuer plus de Yéménites, au vu et au su des Nations Unies et des organisations humanitaires dont le plan d’action humanitaire a dévié de sa trajectoire. Leur rôle se limite alors à recenser l’évolution du nombre de personnes ayant besoin d’aide et de secours, et à prévenir que le Yémen est en danger et entre dans une période de pauvreté et de famine.
L’ONU et son envoyé au Yémen Martin Griffiths n’ont apporté aucune solution à la situation humanitaire catastrophique due à la détention des pétroliers qui n’étaient toujours pas autorisés à atteindre le port de Hodeïda pour y décharger leur cargaison. Au lieu de présenter une solution, l’ONU est entré en négociation avec le gouvernement du Salut National en lui demandant de ne pas payer le demi salaire aux fonctionnaires de l’Etat, en échange de libérer les pétroliers détenus par la coalition.
Le 18 août, le chef de l’humanitaire des Nations Unies et coordonnateur adjoint des secours d’urgence (Mark Lowcock) a mis en garde les membres du Conseil de sécurité contre les effets dévastateurs du manque du financement humanitaire sur les opérations de secours au Yémen. En effet, le plan de réponse humanitaire n’était financé qu’à 21% des besoins estimés, seulement 3% de plus que le mois précédent, va-t-il précisé, rappelant que c’était le chiffre le plus bas que le Yémen a obtenu à la fin de l’année.
M. Mark Lowcock a déclaré aussi que les partenaires humanitaires n’étaient plus en mesure de payer les travailleurs de santé de première ligne ou de couvrir les coûts de fonctionnement de base des établissements de santé au milieu de la pandémie de Coronavirus, en plus de la fermeture d’établissements de santé fournissant des soins à 1,8 million de personnes; et de la réduction de l’aide alimentaire à 8 millions de personnes. Et cela arrive à un moment critique où le Yémen est menacé de famine et de Covid-19.
Il a souligné que si le plan d’intervention humanitaire pour le Yémen n’obtient pas de fonds, les programmes d’eau et d’assainissement seront réduits de 50 % dans 15 gouvernorats; en septembre, le soutien accordé à quelque 400 autres établissements de santé sera arrêté, empêchant 9 millions de personnes de recevoir des soins médicaux.
Encore Mark Lowcock a indiqué que les engagements financiers pris lors de la visioconférence des donateurs au début du mois de juin n’avaient pas encore été payés, et que seulement 1,35 milliard de dollars promis avaient été reçus, soit la moitié de la somme exigée. Il a exhorté les États du Golfe à honorer leurs engagements, et appelé les autres pays qui n’ont pas promis de dons ou promis des montants inférieurs à l’année dernière à augmenter leur soutien.
La crise des dérivés pétroliers dans les provinces du Nord continue d’augmenter les coûts de produits de base, d’accès aux soins de santé, et de transport de personnes et de marchandises. À la fin du mois d’août, le prix moyen du carburant sur les marchés informels, dans toutes les provinces du nord, était d’environ 12 000 riyals yéménites (environ 20 $ US pour 20 litres). Certes le prix est moins que le mois précédent, mais il constitue encore le double de la moyenne du prix officiel qui est 5 900 riyals yéménites, soit moins de 10 $. C’est ainsi que les pénuries de carburant et son prix ont entravé les opérations humanitaires et affecté des milliers de familles.
Les procédures des Nations Unies et leurs organisations ont retardé ou réduit (les services de pompage d’eau et son transport par les camions; les opérations de distribution de nourriture), ont retardé ou reporté (les visites de terrain, la distribution d’aide et le contrôle du mécanisme de réponse rapide, l’aide aux abris et la vérification des bénéficiaires effectifs. Elles ont également entrainé la: suspension des cliniques mobiles pour l’aide nutritionnelle; suspension des camions d’aspiration des eaux usées; suspension des projets de réhabilitation scolaire; réduction des activités de santé génésique et des centres communautaires; fermeture de zones sûres. Et tout cela a conduit à une crise humanitaire touchant des millions de Yéménites.
Le Yémen a connu le déplacement de 300 000 personnes au cours des trois derniers mois, en raison des inondations et des torrents causés par des fortes pluies qui ont endommagé leurs maisons, leurs cultures agricoles, leur bétail, leurs provisions alimentaires et leurs biens. A ce propos, le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a mis en garde contre les besoins humanitaires croissants au Yémen, qui souffre de la pire crise humanitaire au monde.
Le Yémen manque des centres de dépistage et de prévention de la pandémie de coronavirus. De plus, les pays de la coalition entravent l’entrée des tests Covid, ce qui rend difficile la précision du nombre des personnes infectées ou de l’ampleur de la diffusion du virus. Le Yémen ayant déjà des besoins sanitaires importants n’a pas de financement, ni d’équipement de protection individuelle pour les travailleurs de la santé, et souffre également du long retard dans l’importation de médicaments pour traiter cette nouvelle maladie. Tout cela complique sa lutte contre la pandémie et empêche les personnes soupçonnées de se rendre aux centres de traitement.