Il n’existe aucun mouvement sérieux, courant le mois de septembre 2020, appelant à résoudre le dossier de paiement des salaires, interrompus depuis le transfert de la direction de la banque centrale de la capitale, Sanaa, à la ville d’Aden en septembre 2016. 80% de la population yéménite en souffrent énormément, surtout au moment où le Yémen connait la pire crise humanitaire jamais survenue dans l’histoire.
Le taux de change du riyal yéménite continue de baisser par rapport aux devises étrangères dans toutes les provinces, en particulier dans celles du sud, sous le contrôle de l’occupation saoudienne et émiratie, impactant ainsi les prix des denrées alimentaires. Le prix du dollar y a atteint 860 riyals, alors que le gouvernement de Salut national a pu garder le taux de change du riyal à un niveau stable, le dollar n’a pas dépassé 612 riyals. Mécontente de la politique financière menée par le “gouvernement légitime”, l’association de bureaux de change à Aden a diffusé une circulaire, auprès de toutes les entreprises et institutions bancaires, annonçant leur suspension de vente et d’achat de devises étrangères.
La Banque centrale d’Aden a publié une circulaire adressée aux banques et sociétés de change pour qu’elles arrêtent complètement les transferts internes de fonds, en devises étrangères, et qui doivent être uniquement en riyal yéménite. Elle a précisé que les opérations de retrait et dépôt en devises étrangères seront limitées aux succursales où existe le compte du client. Et cela reflète l’échec des politiques monétaires de la Banque, dû d’abord à l’absence du gouvernement national et puis à la décision d’imprimer une grande quantité de monnaie yéménite, sans couverture bancaire.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a déclaré que le riyal yéménite avait perdu 25 % de sa valeur en 2020, soit 70 % par rapport à sa valeur d’avant le début de la guerre en 2015. Il a également souligné que l’épuisement des réserves du pays en devises étrangères pourrait paralyser la capacité du Yémen à importer des denrées alimentaires dont la hausse des prix sur le marché local menace le pays d’une famine inévitable.
Les pays de la coalition ont adopté, comme moyen de guerre, l’idée d’une guerre économique contre le Yémen afin d’affamer son peuple. Entre autres, le gouvernement de Hadi a pris des mesures visant à séparer la société de télécommunications (Sabafon) de son siège principal à Sanaa, en préparation de son transfert à la ville d’Aden occupée par l’Arabie saoudite et les Emirats.
Le Ministère de l’agriculture et de l’irrigation à Sanaa a déclaré que les pertes totales et dommages directs et indirects -subis par le secteur agricole en raison de la guerre des pays de l’agression menée par les États-Unis, l’Arabie saoudite et Emirats depuis 2015- ont dépassé 10 billions 701 milliards 867 millions de riyals. Il a aussi confirmé le déclin de la production céréalière, pendant les années de guerre au Yémen, atteignant 300 mille 500 tonnes aujourd’hui contre environ 700 mille tonnes en 2014.
Les sanctions de retard, découlant de six mois de détention contre les pétroliers à destination du Yémen, ont coûté cher au peuple yéménite. Il s’agit d’un montant dépassant 27 milliards de riyals, selon la compagnie pétrolière yéménite à Sanaa indiquant que 19 navires de pétrole étaient toujours détenus par la coalition de guerre malgré l’obtention des permis délivrés par les Nations Unies. La durée de détention varie entre 4 à 6 mois. De même, au cours de ces deux derniers mois, aucun navire n’a été libéré pour couvrir les besoins publics : 2 000 stations-service sont fermées ; 3 500 camions de pétrole et 3 usines sont à l’arrêt ; du matériel et des véhicules des citoyens sont en panne.